[Cet article est une reprise de ce qui a été présenté en live sur ma chaine Twitch et dont la rediffusion se trouve ici]
De la créature au vieil hobbit
Tout a commencé avec un poème probablement rédigé autour de 1928, intitulé Glip, nom d’un petit personnage étrange et visqueux, ayant élu domicile sous le sol d’une cave et reconnaissable à ses grands yeux pâles et brillants. Comme d’autres personnages issus des divers récits et poèmes de JRR Tolkien (ex. Tom Bombadil), Glip se serait donc vu transféré en Terre du Milieu, ou presque. Presque, oui, car à l’époque de la rédaction du Hobbit (publié en 1937), le conte des aventures de Bilbo n’était pas explicitement connecté à l’univers sur lequel JRR Tolkien travaillait depuis une vingtaine d’années. C’est seulement lors de la rédaction du Seigneur des Anneaux que Bilbo est devenu explicitement un habitant de la Terre du Milieu.
Par extension, pendant l’élaboration du récit des aventures de Bilbo, Gollum se manifeste comme un personnage plutôt secondaire, un PNJ, si je puis dire, qui permet au héro d’acquérir un objet clé (qui dans l’esprit de l’auteur, n’est pas encore l’Anneau unique de Sauron, mais un anneau magique « standard ») ; c’est seulement au cours de la rédaction du Seigneur des Anneaux que le personnage de Gollum va prendre une toute autre envergure.
En réalité, dans Le Hobbit, le narrateur (qui porte plus ou moins la voix de l’auteur), précise au sujet de Gollum “je ne sais pas d’où il venait, ni qui il était, ou ce qu’il pouvait être », et il semble clair qu’à l’époque où il écrivait cela, JRR Tolkien n’avait aucune idée du passé, ni de la véritable nature de Gollum : celle d’un hobbit « corrompu ».

C’est seulement lors de la rédaction du Seigneur des Anneaux (entre 1937 et 1949) que l’origine et l’identité de Gollum se construisirent, de paire avec celles de l’Anneau… Et le lectorat découvre tout cela dès le chapitre II de La Fraternité de l’Anneau.
L’Anneau magique de Bilbo s’avérant être l’Anneau Unique de Sauron, le personnage du précédent porteur, Gollum, devait être développé, car évidemment après avoir conservé un tel objet pendant si longtemps, il ne pouvait pas ne pas avoir été affecté par son pouvoir. Et ce développement du personnage fut tel que JRR Tolkien dut altérer le texte même du Hobbit, notamment le chapitre V qui fut modifié à l’occasion de la publication de la deuxième édition du Hobbit en 1951. Car en effet, il y avait un véritable problème de cohérence ! Par exemple, dans la première édition du Hobbit, Gollum acceptait l’idée de donner l’Anneau à Bilbo comme récompense du concours d’énigmes. Mais lors de la rédaction du Seigneur des Anneaux, notre auteur comprend que l’Anneau en question est trop puissant et exerce un impact trop fort sur le porteur pour que ce dernier accepte de le donner de son plein gré : la version de la première édition n’était plus cohérente par rapport à la nature même de l’Anneau, d’où cette seconde édition modifiée, et la modification des réactions de Gollum lors de ce passage ; de créature solitaire et étrange, il devient sournois et potentiellement dangereux à cause du pouvoir que l’Anneau exerce sur lui. Avec la première version, dans laquelle il guide gentiment Bilbo vers la sortie, on est bien loin de la mesquinerie du Gollum qui apparaîtra plus tard !
D’ailleurs, il y a un jeu métatextuel dans Le Seigneur des Anneaux, puisque Gandalf précise que Bilbo n’avait pas été parfaitement honnête avec lui et les nains lorsqu’il leur avait conté la manière dont il avait acquis l’Anneau…. c’est seulement plus tard que Gandalf lui tire les vers du nez et commence à se méfier de la puissance de cet anneau, capable de transformé un honnête hobbit en un fieffé menteur.
Puis j’ai entendu l’étrange histoire de Bilbo, comment il l’avait « gagné », et j’ai été incapable d’y croire. Quand je lui ai enfin soutiré la vérité, j’ai tout de suite compris qu’il avait voulu affermir sa prétention à l’anneau. Exactement comme Gollum, avec son « cadeau d’anniversaire ». Ces mensonges se ressemblaient trop pour que je sois tranquille. Manifestement, l’anneau avait un pouvoir malsain qui agissait aussitôt sur son détenteur. »
La Fraternité de l’Anneau, livre 1, chapitre II
Une simple remarque qui permet de jouer avec les différentes versions du chapitre V du Hobbit, et d’expliquer avec un clin d’œil pourquoi l’histoire racontée dans un premier temps n’était pas tout à fait exacte.
Tolkien redécouvre donc le personnage de Gollum lors de la rédaction du Seigneur des Anneaux, au point même d’écrire à son fils :
Gollum continue de se développer en un personnage des plus intrigants.
Lettre 70 à Christopher Tolkien, 1944
Personnage intrigant, certes, et surtout le personnage clé du dénouement de la quête de l’Anneau. Car sans Gollum, Sauron aurait gagné. Sans Gollum, l’échec de Frodo aurait été total. Frodo a échoué, rappelons-le : il refuse de détruire l’Anneau, et c’est seulement parce que Gollum se jette sur lui et lui prend l’Anneau que ce dernier est finalement détruit. D’où l’importance de la pitié de Bilbo et de celle Frodo qui refusèrent tous deux de tuer la créature. Leur pitié permit à Gollum de survire, et par extension, la destruction de l’Anneau.

D’ailleurs c’est aussi la pitié et la bonté de Frodo à son égard qui faillit amener Gollum vers une certaine forme de salut.
Et c’est ainsi que Gollum les trouva des heures plus tard à son retour, lorsqu’il redescendit furtivement le sentier menant aux ténèbres d’en haut. Sam, assis le dos contre la pierre, la tête penchée sur le côté, respirant bruyamment. La tête de Frodo reposait sur ses genoux, noyée dans un profond sommeil ; sur son front blanc était l’une des mains brunes de Sam, tandis que l’autre reposait doucement sur la poitrine de son maître. La paix se lisait sur leurs deux visages.
Gollum les observa. Une expression étrange passa sur son visage émacié et famélique. La lueur de ses yeux s’éteignit, et ils devinrent gris et sombres, vieux et fatigués. Un spasme de douleur sembla le tordre et il se détourna, jetant un regard en arrière, vers le col, secouant la tête, comme en proie à un débat intérieur. Puis il revint vers eux, allongeant doucement une main tremblante qu’il posa sur le genou de Frodo avec une extrême précaution ; mais son toucher était presque une caresse. Pendant un bref instant, si l’un des dormeurs l’avait vu, il aurait cru regarder un vieux hobbit fatigué, racorni par les ans qui l’avaient porté loin au-delà de son temps, loin de tous ses semblables et amis, et des champs et des rivières de sa jeunesse – une vieille créature affamée et pitoyable.
Mais à ce contact, Frodo remua et s’écria doucement dans son sommeil, et Sam se réveilla instantanément. Il remarqua tout de suite Gollum – « avec ses sales pattes dessus mon maître », pensa-t-il.
« Hé, toi ! dit-il brusquement. Qu’est-ce que tu fais là ? »
« Rien, rien, dit doucement Gollum. Gentil Maître ! »
« Je veux bien te croire, dit Sam. Mais où t’étais parti fouiner, espèce de vieux scélérat ? »
Gollum recula, et un reflet étincela sous ses lourdes paupières. Il ressemblait presque à une araignée, à présent, ramassé sur ses jambes repliées, avec ses yeux globuleux. L’instant fugitif était passé, à jamais irrécouvrable.
Les Deux Tours, livre 4, chapitre VIII
Dans cette séquence, Gollum tangue, il peut basculer d’un côté ou de l’autre… il est sur le point de faire preuve de cœur, de renoncer à ses sinistres desseins, mais la mauvaise interprétation de son geste par Sam suffit à le faire tomber du mauvais côté et à poursuivre son plan. Rappelons ce qu’en disait JRR Tolkien dans ses lettres :
Pour ma part, ce qui m’a probablement le plus ému, c’est le discours de Sam sur le tissu sans coutures des histoires, ainsi que la scène où Frodo s’endort contre lui, et la tragédie de Gollum, qui à ce moment est à un cheveu du repentir – n’était cette rebuffade de Sam.
Lettre 96 à Christopher Tolkien, 1945
Commentaire qu’il complètera plusieurs années plus tard avec quelques spéculations dignes d’intérêt :
Sam aurait difficilement pu agir autrement. (Il a vraiment fini par atteindre le stade de la pitié mais trop tard pour le bien de Gollum.) S’il l’avait fait, qu’aurait-il donc bien pu se passer ? Le cours de leur incursion en Mordor et les épreuves pour atteindre la Montagne du Destin auraient été différents, tout comme la fin. L’intérêt se serait déplacé sur Gollum, je pense, et la lutte qui aurait eu lieu aurait été entre son repentir et son amour nouveau d’une part, et l’Anneau d’autre part. Même si l’amour s’était affirmé de jour en jour, il n’aurait pu contester sa supériorité à l’Anneau. Je pense que d’une manière étrangement tordue et pathétique, Gollum aurait tenté (peut-être sans intention consciente) de satisfaire les deux. Il aurait certainement, à un moment donné, peu avant la fin, volé l’Anneau ou bien l’aurait pris de force (ce qu’il fait effectivement dans le Récit). Mais la « possession » une fois satisfaite, je crois qu’il se serait sacrifié pour le bien de Frodo et qu’il se serait volontairement jeté dans le gouffre de feu.
Lettre 246 à Eileen Elgar, 1963
Quant à la question du pardon de Gollum, même JRR Tolkien ne pouvait (/voulait) y répondre :
En ce qui concerne le jugement ultime de Gollum, je préfère ne pas m’interroger. Ce serait sonder ce que les hommes du Moyen Âge appelaient « Goddes Privitee ». Gollum suscitait la pitié, mais il a péri en persistant dans le Mal, et le fait qu’il en soit sorti un bien ne doit pas lui être crédité. Son courage et son endurance extraordinaire, aussi grands voir plus grands que ceux de Frodo et de Sam, étant voués au Mal, étaient prodigieux mais ne méritaient pas d’être honorés. Je crains que, quelles que soient nos croyances, nous ne devions accepter le fait qu’il existe des personnes qui cèdent à la tentation, écartent leurs chances de s’ennoblir ou d’être sauvées, et semblent être « damnables ». Cette « damnabilité » ne peut pas être mesurée au niveau du macrocosme (il peut en sortir du Bien à ce niveau). Mais nous qui sommes tous « dans le même bateau » ne devons pas usurper le rôle du Juge. La domination de l’Anneau était bien trop forte pour l’âme mesquine de Sméagol. Mais il n’aurait jamais eu à la subit s’il n’était pas devenu une espèce de voleur mesquin avant de croiser son chemin.
Lettre 181 à Michael Straight, 1956
Bien plus que des noms
Quoi qu’il en soit, il a tout même rempli un rôle majeur : celui du guide Sam et Frodo jusqu’au Mordor et…
C’est un drôle de guide, en fait, puisque ce qui caractérise sa monstruosité, c’est sa proximité avec la schizophrénie (au sens courant du terme), dont il manifeste les premiers signes : altération de la personnalité, troubles du langage et de la pensée, dédoublement. La survivance de Sméagol est surtout auditive, quand le personnage s’exprime correctement à la première personne du singulier (je) et fait ainsi valoir son désir de reconnaissance, son identité. L’ascendant pris par Gollum défait ces tentatives de socialisation, gomme la syntaxe des phrases, en déforme la prononciation par des sifflements et des chuintements, le tout ponctué par des gargouillements. Les autres ne sauront le désigner autrement qu’en se référant à ces bruits de gorge (gollum, gollum), manière de signaler sa déchéance, lorsqu’il parle de lui à la troisième personne et que ses yeux scintillent d’une dangereuse lueur verte. Jeu de linguiste ? Le surnom Gollum remplace le nom Sméagol, qui dérive du vieil anglais smygel (« qui creuse un sillon, se fraye un chemin »), lui-même adapté du Trahald des langues septentrionales (voir l’Appendice F du Seigneur des Anneaux).
Entrée « Gollum » du Dictionnaire Tolkien, sous la direction de Vincent Ferré,
Les noms donnés à Gollum sont donc révélateurs de sa (/ses) personnalité(/s). Ses surnoms aussi, comme « Fouineur » et « Chlingueur », attribués par Sam lorsque Gollum est au service de Frodo. Si le premier représente la personnalité serviable, celle qui chercher à échapper au pouvoir de l’’anneau, le deuxième manifeste sa personnalité traitresse.
Le trio infernal
Il y aurait une analyse intéressante à faire sur ces appellations, mais aujourd’hui je vais me concentrer sur un autre élément qui transparaît à travers les noms pour mieux les dépasser : la relation du trio Gollum/l’Anneau/Sauron, en partant d’un élément de langage qui caractérise Gollum : « My precious« / »Mon Trésor« , car Gollum utilise ce terme pour lui-même et pour l’anneau ; il y a d’emblée une assimilation. D’ailleurs dans la première édition du Hobbit, ce n’était pas le cas, ce terme ne s’appliquait qu’à lui-même : encore une preuve de l’évolution du pouvoir de l’Anneau dans la construction du récit et dans celle de son emprise sur le personnage de Gollum.
Douglas A Anderson, à l’origine du travail remarquable effectué dans Le Hobbit Annoté, fait remarqué qu’en vieux norrois, gull = or, et qu’on le trouve parfois orthographier goll dans certains manuscrits. L’une de ses déclinaisons donne gollum, qu’on peut traduire par « trésor, quelque chose de précieux ». Par extension, ce « gollum » peut aussi signifier « anneau » quand on le trouve dans le mot composé fingr-gull (littéralement « or du doigt ») ; un deuxième élément qui assimile Gollum et l’Anneau. Mais Sauron dans tout ça ?
Précisons d’abord que le nom « Sauron » représente plus de complexité qu’il n’y paraît.
« C’est la première fois que je vois ces insignes, dit Aragorn. Que peuvent-ils signifier ? »
« S est mis pour Sauron, dit Gimli. Cela au moins est facile à comprendre. »
« Non ! dit Legolas. Sauron n’utilise pas les runes elfiques. »
« Pas plus qu’il ne se sert de son vrai nom, ni ne permet qu’il soit prononcé ou écrit, dit Aragorn. »
Les Deux Tours, Livre 3, chapitre I
« Son vrai nom », ici, peut prêter à confusion et à plusieurs interprétations. Aragorn fait-il référence au nom « Sauron » ou à un autre ? difficile à dire avec certitude, mais ce que nous savons, c’est que le nom ‘Sauron » est celui utilisé par les Elfes, tout comme « Gorthaur », appellation qui le désignait au Premier Âge (et dont il est étymologiquement proche). Sauron est un nom quenya qui signifie littéralement « le détestable », dérivé du quenya saura et du sindarin thaur, signifiant « abominable, détestable, infâme » (on comprendrait mieux pourquoi il ne souhaite pas être appelé ainsi !). Je ne m’étendrai pas le thaurā primitif signifiant « puant » (coucou Schlingueur !) pour me concentrer sur le « vrai nom » de Sauron. Dans une note étymologique, JRR Tolkien précisa :
Le nom original de Sauron était Mairon, mais il fut altéré après sa séduction par Melkor. Néanmoins il se donnait toujours le nom de Mairon l’Admirable, ou Tar-mairon « Roi splendide », même après la chute de Numenor.
Parma Eldalamberon XVII, edité par Christopher Gilson
[Petite précision : Sauron étant un maia, son vrai « premier nom » ne pouvait pas être un nom elfique, puisque Sauron existait avant la création du monde (et donc des elfes et de leurs langues) ; nous ne connaissons pas son nom dans la langue des Ainur, qui devait être son « premier nom », mais on peut aisément imaginer qu’il s’agissait d’un équivalent au quenya mairon.]
Mairon signifie donc l’Admirable et vient du mot maira qui en Quenya signifie « admirable, excellent, précieux, sublime, un trésor » ; sa racine MAY a pour dérivatifs maire, « une oeuvre (ou le processus de création d’une oeuvre) belle et de grand art, maireal-ia, beauté (d’une chose faite par le travail de l’artisan) ».
La filiation étymologique et le processus d »assimilation entre les noms Gollum, Mairon, et le Precious / Trésor qu’est l’anneau semble donc assez explicite. non?

J’ajouterai un autre point faisant vaguement écho à ceci, concernant la nature trompeuse de ces trois entités : c’est à la lecture de l’excellent article de Sara Brown dans le Mallorn de décembre 2022 que j’ai commencé à réfléchir à ceci : Dr Brown y soutient que l’Anneau n’était pas véritablement d’or, mais qu’il semblait d’or, étant en cela aussi traitre que Sauron.
Le schéma est donc simple : l’Anneau semble être un trésor, il semble être maira, mais il est en réalité thaura -> Terrible, abominable, exactement comme Sauron dont la double nature est explicite dans le récit de la création des Anneaux du Pouvoir : sous le nom d’Aulendil ou Annatar, il adopte une belle apparence pour mieux abuser de la confiance des Elfes et les trahir ; il feint la bienveillance et cache sa monstruosité sous un beau visage. L’Anneau, lui, semble être un superbe trésor, mais il est prêt à trahir son porteur pour retourner à son maître, et il fait croire qu’il est capable de donner un pouvoir sans limite à son porteur, alors que c’est la corruption seule qui attend celui ou celle qui s’en servira. Et Gollum… et bien, nous avons déjà évoqué sa double nature, celle de fouineur et Schlingueur, celle de Gollum et Sméagol. Celle qui veut servir et aimer Frodo, et celle qui veut le livrer à l’Araignée…
Pour résumer, nous avons :
- La pureté de l’or face à l’apparence de l’or -> la nature traitre de l’Anneau
- La double nature de Gollum/Sméagol, qui se donne le nom « mon trésor » dans un processus d’assimilation à l’Anneau.
- Sauron, l’Admirable Maia dont le nom renvoie au « Trésor » et qui, sous l’ombre de Melkor, devint lui-même le traitre par excellence.
Un ménage à trois qui concentre l’idée de la corruption du beau/bon par l’Ombre, et qui ferme la boucle narrative, puisque c’est finalement Gollum, le plus humble de ces trois entités, qui signera la fin des Trésors : l’Anneau, Sauron et lui-même, les trois périssant au même moment.
Représentations et illustrations
Il faut aussi souligner que Tolkien n’était pas satisfait de la plupart des illustrations de Gollum. Il écrivit à l’intention de l’illustratrice Pauline Baynes, notamment à l’origine de la carte de la Terre du Milieu ci-dessous :
D’après Gandalf, Gollum était un hobbit de ceux qui peuplent les bords de rivière – et donc à l’origine un membre d’une espèce humaine de petite taille, même s’il était devenu difforme au cours de sa longue vie dans le lac sombre. Ses longues mains sont plus ou moins normales.. Mais il était très maigre – dans le SDA. Émacié, ni dodu ni potelé ; pour sa taille, il avait une grosse tête et un cou très fin, de grands yeux (protubérants) et de cheveux fins et éparses… on le décrit souvent comme étant sombre ou noir.
Gollum n’a jamais été nu. Il avait une poche… évidemment il avait des vêtements noirs. (…)
Sa peau était blanche, sans doute avec une pâleur amplifiée par son long séjour dans l’obscurité et plus tard par la faim. Il est resté un être humain, pas un animal ni un pauvre démon, malgré son esprit et son corps difformes : un objet de dégout, mais aussi de pitié – pour ceux qui voyaient loin, comme c’était devenu le cas pour Frodo. Il n’est pas nécessaire de se demander comment il trouva des vêtements ou les remplaçait : n’importe quelle étude du récit montrera qu’il eu de nombreuses occasions pour s’en procurer par vol ou charité (comme avec les elfes des bois), tout au long de sa vie.
Tolkien Papers, A61 fols 7-8 (Bodleian)

Il existe un grand nombre de représentations de Gollum, mais il faut reconnaître que désormais, beaucoup s’inspirent de la proposition des films de Peter Jackson, basée sur les illustrations d’Alan Lee. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour le travail de cet artiste, et pour l’interprétation d’Andy Serkis dans les films, mais je regrette néanmoins le manque de diversité, qui s’éloigneraient de ce que l’on connait déjà pour se rapprocher, peut-être, de la description donnée par JRR Tolkien… Ou même pour proposer quelque chose de complètement différent ! Mais l’exploration iconographique sera pour une prochaine fois, ce post étant déjà bien assez long ! [UPDATE : pour un panorama des diverses illustrations du personnage, je vous invite à visionner la petite émission réalisée pour l’occasion, ICI]
Je vous laisse avec une lecture du chapitre V du Hobbit par l’auteur lui-même.
Bibliographie
- Le Seigneur des Anneaux, JRR Tolkien, traduction de Daniel Lauzon, Christian Bourgois éditions
- Le Hobbit, JRR Tolkien, traduction de Daniel Lauzon, Christian Bourgois éditions
- Les Contes et Légendes Inachevés, traduction de Tina Jolas révisée par Pauline Loquin, Christian Bourgois éditions
- Lettres de JRR Tolkien, éditées par H. Carpenter avec l’assistance de Christopher tolkien, traduction de Delphine Martin et Vincent Ferré
- The Lord of the Rings, a Reader’s companion, W.G Hammond et C. Scull, Harper Collins publishers
- Parma Eldalamberion XVII, edité par Christopher Gilson
- Le Dictionnaire Tolkien, sous la direction de Vincent Ferré, Bragelonne
- Le Hobbit Annoté, Douglas A. Anderson, traduction de Daniel Lauzon, Christian Bourgois éditions
- A Brief History of the Hobbit, John D. Rateliff, Harper Collins publishers
- The Return of the Shadow, JRR Tolkien, édité par Christopher Tolkien, Harper Collins publishers
- Mallorn n° 63, the journal of the Tolkien Society, décembre 2022